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Voila.fr
22/03 09:41

Le parc Al-Azhar du Caire: d'un dépotoir à un jardin des délices

Le parc Al-Azhar, l'ancien dépotoir transformé en jardin des délices qu'inaugurera l'Aga Khan vendredi au Caire, dote cette mégalopole de 17 millions d'habitants de ce qui lui faisait le plus défaut: un poumon.

C'est compter sans la restauration du mur d'enceinte ayyubide (XIIe s.) qui borde le parc, dont les 1500m de long seront totalement consolidés en 2007 ou la revitalisation du quartier voisin de Darb al-Ahmar à coups de micro-crédits.

Cette triple entreprise monumentale, dans laquelle le Trust Aga Khan pour la Culture a investi quelque 30 millions de dollars, s'inscrit dans la politique de développement chère au 49e chef spirituel des musulmans chiites ismaïlis.

Quand Karim Aga Khan annonce, il y a 20 ans, sa décision de créer un parc pour les habitants du Caire qui, selon une étude, ne disposent pour tout espace vert que d'une surface équivalente à une empreinte de pied par personne, le défi paraît insurmontable. Relever un quartier historique croûlant sous le poids des ans ne va-t-il pas torpiller l'économie locale?

Pourtant les autorités approuvent le choix du lieu: une colline de décombres et gravats de 30 hectares, vieille de 500 ans, fort mal famée, coincée entre la limite orientale de la cité ayyubide et la "Cité des morts" mamelouke du XVe s.

Encore faut-il intégrer au site trois réservoirs d'eau de 80m de diamètre et 14m de profondeur. En 1990, un protocole d'accord est signé entre l'Aga Khan et le directorat du Caire, ouvrant la voie à de nouveaux plans.

Alors débutent les travaux du parc: 1,5 million de tonnes de gravats et déchets à déplacer (soit le chargement de 80.000 camions), une couche d'argile à insérer sous la terre végétale pour empêcher l'infiltration d'eau. Une autre de compost à étaler en surface pour corriger le degré de salinité du sol.

Parallèlement aux concours d'architecture pour les trois bâtiments du site (un restaurant, un café, un bâtiment d'accès) s'amorce la conception paysagère, inspirée par la tradition des jardins en terre d'islam: fontaines, canaux, palmeraie, plantation de sycomores, jujubiers ou acacias, plantes médicinales.

Ce n'est qu'un début. A l'ouest de la colline, il faut encore dégager la muraille ayyubide -dont on ne voit que les créneaux- sur une hauteur de 15m, une longueur de 1,5 km avec, çà et là, des tours fortifiées.

Et, de l'autre côté de la muraille, repenser le quartier de Darb al-Ahmar, l'un des plus pauvres et surpeuplés de la ville. En l'absence de services d'assainissement et de collecte des ordures, les déchets s'entassent dans les rues et les cours intérieures. Partout, murs et toitures s'effondrent, tandis que les monuments historiques -dont 65 classés- du Caire médiéval se délabrent.

L'approche du Trust Aga Khan était d'éviter le déplacement des habitants du quartier en créant, par le biais de micro-crédits, des petites entreprises viables -ateliers d'objets artisanaux, ébénisterie, fabriques de chaussures-. Ou encore d'aider les propriétaires à restaurer leurs maisons. Le programme de crédit au logement prévoit d'intégrer jusqu'à 200 maisons (50 par an) d'ici à

Parmi les bâtiments historiques à restaurer, le Trust a jeté son dévolu sur trois projets: la conservation de la mosquée Umm al-Sultan Shaaban, la restauration du complexe du Khayrbek et la réhabilitation pour un usage diversifié de l'ancienne école de Darb Shoughlan.