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Agence France Presse
12 Février 2005
12/02 08:51 L'Aga Khan, en créant une Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly, vole au secours d'un patrimoine hérité du Grand Condé mais voué à une mort lente faute de moyens.
La convention récemment passée entre l'Institut de France -propriétaire du domaine-, le chef spirituel des Ismaéliens et les collectivités locales, porte sur un programme de restauration chiffré à 70 millions d'euros, dont 40 MEUR financés par le prince Karim Aga Khan.
Le domaine (7.800 ha), d'une richesse considérable, tant par son château, son parc, ses écuries que par ses collections d'oeuvres d'art et de livres, avait été légué par le Duc d'Aumale à l'Institut de France -siège des cinq Académies- en 1886.
Dans son testament, le Duc d'Aumale, sans héritier après la mort de ses deux fils, léguait ce joyau architectural et paysager à condition que ses collections ne quittent pas le site, lequel serait restauré grâce aux revenus du domaine. Mais, c'était il y a 120 ans et les forêts domaniales ne rapportent plus grand-chose. Pire: le nombre annuel des visiteurs du "musée Condé", au sein du château, ne dépasse pas les 300.000, d'où un cruel manque de recettes.
Ainsi, selon Hubert Monzat, chargé de la coordination de l'initiative pour le développement de Chantilly au secrétariat de l'Aga Khan, "le domaine connaît un déficit structurel d'exploitation évalué entre 500.000 et 1,5 MEUR par an".
"Avec un budget de 7/8 MEUR, et malgré des mécénats occasionnels, l'Institut qui gère près d'une vingtaine de fondations, toutes étanches financièrement, ne pouvait plus entretenir à lui seul un domaine soumis à l'usure du temps. Et ce, en dépit de la vente de terrains qui se trouvaient en périphérie du domaine".
Or, il y a urgence à consolider les balustrades des bâtiments, réparer les verrières des grandes écuries, restaurer les jets d'eau, curer les bassins et canaux mais aussi repenser le système de sécurité anti-incendie et anti-effraction.
Selon Hubert Monzat, "25 MEUR sont nécessaires à la remise en état des grandes écuries, 20 MEUR à celle du château et 47 MEUR à celle du parc et de son système hydrographique. Le programme idéal est estimé à 100 MEUR".
L'attachement du Prince Karim Aga Khan IV -49ème imam héréditaire des 15 millions d'Ismaeliens chiites répartis dans 25 pays- à Chantilly remonte à son enfance qu'il a passée dans la propriété voisine de Green Lodge.
C'est également à un jet de pierre de Chantilly, dans la propriété d'Aiglemont, à Gouvieux, qu'il a installé le siège de son imamat, d'où il dirige ses activités internationales, entouré de 250 collaborateurs.
Quand, en 1994, l'Etat décide de fermer l'hippodrome de Chantilly, l'Aga Khan -amateur de courses, il possède une centaine de chevaux à l'entraînement à Aiglemont et serait en discussions pour le rachat des haras d'Arnaud Lagardère - se mobilise aux côtés des élus pour sauver le terrain.
Il participe ainsi à hauteur de 20%, avec France Galop (40%) et les collectivités locales (40%) au financement des 12 MEUR destinés à réhabiliter la grande tribune, monument inscrit au Patrimoine. Il participera dans les mêmes proportions à la seconde phase de travaux (2006/2007), également évaluée à 12 MEUR, pour donner à la tribune un cadre à sa hauteur, améliorer la fonctionnalité de l'hippodrome et la qualité d'accueil du public.
"Mais, souligne Hubert Monzat, il était évident qu'aux yeux de l'Aga Khan, c'est le domaine de Chantilly dans son entier qui devait retrouver un lustre, ce que l'Etat seul -déjà mobilisé par la restauration du domaine du château de Versailles-, ne pouvait faire".
© AFP.