L'islam - en arabe, soumission à Dieu - est une des trois grandes religions monothéistes. Le terme musulman désigne les adeptes de cette foi. L'islam qualifie aussi une civilisation et une culture édifiées au cours des siècles, et dans lesquelles se reconnaissent, par exemple, les chrétiens d'Orient. Le prophète Mahomet a prêché en Arabie au VIIe siècle de notre ère. Il a unifié, par la parole et par le glaive, une grande partie de la péninsule Arabique. Après sa mort à La Mecque, en 632, ses successeurs - les califes - seront dotés d'une double mission, religieuse et politique. Ils sont à la fois les guides de la communauté des croyants et les initiateurs des conquêtes. Cette imbrication de la religion et de l'État pèsera lourd dans l'histoire de l'islam - même si elle a aussi caractérisé le christianisme pendant une très longue période. Une crise de succession suscitera les deux grands schismes de l'islam : le chiisme et le kharidjisme. Les " orthodoxes " seront désignés sous le vocable de sunnites. En un siècle, les Arabes musulmans étendent leur domination des confins de la Chine à l'Espagne. Deux grands empires organiseront successivement l'administration, le contrôle - et la conversion - des populations conquises : l'empire omeyade, qui s'écroule en 750, et l'empire abasside, qui lui succède et finira sous les coups des Mongols en 1254. La domination arabe sera relayée par celle des Turcs musulmans et de l'Empire ottoman qui survivra jusqu'à la Première Guerre mondiale. Avec la constitution de la République turque de Moustapha Kemal disparaît l'institution du califat, symbole - à certaines périodes, fragile et contesté - de l'unité de l'Oumma, la communauté des musulmans. Ils sont aujourd'hui un milliard dans le monde, dont moins de 200 millions d'Arabes. La majorité se trouve en Asie (Pakistan, Bangladesh, Indonésie, Inde...). Un " islam noir " très dynamique s'est aussi solidement implanté en Afrique. La religion islamique est, pour ses fidèles, la suite naturelle du judaïsme et du christianisme auxquels elle a emprunté divers éléments. Elle révère ainsi Moïse et Jésus, mais enseigne que Mahomet clôt le cycle des prophètes, qu'il est le " sceau des prophètes ". La parole divine, contenue dans le livre sacré - le Coran - fut transmise à Mahomet par l'archange Gabriel. La Sunna, recension des actes du Prophète et de ses proches compagnons, est la deuxième source de la Loi. À partir de ces textes se sont créées des écoles juridiques - quatre pour les sunnites - qui fixent les obligations sociales et religieuses de tout bon musulman. Cinq obligations rituelles, appelées les " piliers de la religion ", sont à la base de la vie religieuse : la profession de foi (" J'atteste qu'il n'y a pas de divinité en dehors d'Allah et que Mahomet est son envoyé ") ; les cinq prières quotidiennes ; le jeûne le mois de Ramadan ; l'aumône légale (zakat) ; le pèlerinage à La Mecque. La religion islamique ne comporte pas de clergé et donc pas d'église : il n'y a pas d'intercesseur entre Allah et sa créature. Mais une tâche spéciale incombe aux docteurs de la Loi, qui définissent de quelle manière on doit appliquer les principes définis dans le Coran. L'islam n'est pas une doctrine figée et il a connu, au cours de l'histoire, bien des modifications. Comme l'écrit Biancamaria Scarcia : " Tout comme par le passé, où il a été utilisé à des fins très contradictoires, l'islam peut aujourd'hui aussi bien légitimer une politique progressiste qu'une politique réactionnaire. Il n'y a pas plus aujourd'hui qu'hier d'islam politique, au sens où il n'y a pas une seule idéologie ou une seule vision islamique des choses. " On ne peut donc trouver dans l'islam de " grille d'analyse " permettant de saisir la situation de l'Arabie Saoudite, de la Libye ou de l'Iran. Pour reprendre une autre idée de Biancamaria Scarcia, la société civile " se réserve (...) la possibilité d'élever au niveau religieux des règles et des solutions qui lui ont été imposées par les circonstances et non par les principes ". L'adhésion encore très large des masses des pays islamiques à la religion est un phénomène important. La désaffection religieuse qui a touché l'Occident " a été stoppée en Islam au XIe siècle par la vigoureuse réaction sunnite, dont le succès a été favorisé par l'évolution interne des sociétés comme par les mutations de leur situation vis-à-vis de l'extérieur " (Maxime Rodinson). Parmi ces mutations, les croisades, la colonisation, la confrontation avec un Occident de plus en plus dominateur. L'islam devient alors " le moteur de la résistance à la violence coloniale ". La lutte contre l'Église catholique constitua un des points de ralliement de ceux qui, en Europe, combattirent pour les libertés au XIXe siècle ; mais les masses colonisées se soulèvent contre l'oppression au nom de l'islam, dans lequel des intellectuels et des penseurs comme Djamal Al Din Al Afghani (1838-1897) et Mouhammad Abdouh (1849-1905) cherchent des réponses au traumatisme immense que constitue la colonisation. La présence de l'islam demeure forte jusqu'aux indépendances ; elle tend ensuite à s'estomper du domaine politique. Il faudra attendre les années 70 - avec l'émergence de l'islamisme - pour que les masses arabes cherchent dans l'islam des réponses politiques à leurs problèmes. Notons en conclusion que l'islam est aussi une culture et une civilisation. Il a contribué à des avancées décisives dans les domaines des sciences, de l'astronomie aux mathématiques, de la médecine à la chimie. Il a produit des penseurs aussi importants que Ibn Khaldoun, Avicenne ou Averroès. Il a, en un mot, participé à l'émergence du monde que nous connaissons.
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