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LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU CAIRE ET DE SES RELATIONS

EXTÉRIEURES AU TEMPS DES FATIMIDES (RÉSUMÉ)

Slimane Mostafa Zbiss

Les Fatimides en quittant Kairouan pour le Caire, qu’ils venaient de fonder, introduisirent sur le sol égyptien une quantité de richesses énormes, presque colossales. Nous savons, en effet, que pendant les trois quarts de siècle qu’ils avaient passés au Maghreb, les Fatimides avaient accumulé un trésor d’état et des trésors individuels, lesquels, joints aux trésors laissés par leurs prédécesseurs, les Ikhshidides, et joints aux ressources intarissables fournies par les multiples communautés vivant dans l’infinité des territoires du monde chiite, donnaient à l’état fatimide, sur le plan économique, des fondements d’une solidité à toute épreuve. La publication récente de l’ouvrage d’Al-Qadi Zubayr « Trésors et objets d’art » nous donne de ces richesses un tableau mirifique. L’énumération des possessions des princes et des princesses, la simple mention des objets, donnés ou reçus en présents, laissent rêveur; bijoux, pierreries, étoffes précieuses, objets produits par les artistes et les artisans les plus experts : broderie, niellage, marqueterie, ciselure etc...., tout cela supposait l’existence de structures économiques fort prospères, un artisanat très évolue, un commerce intérieur et extérieur très actif et des ressources agricoles très abondantes.

Artisanat évolué, certes, celui du Caire Fatimide le fut éminemment. Capitale nouvelle, au cœur même du Proche-Orient, la nouvelle cité vit affluer dans ses murs, outre les artisans locaux du proche Fustat, ceux d’Afrique, de Syrie, d’Iraq, et même de Byzance. Les matières premières les plus diverses et les plus rares lui venaient par voie de terre et par voie de mer de l’Occident Musulman, de l’Occident Chrétien, des pays slaves et de Russie. Le Sud et l’Extrême-Orient ne laissaient pas de déverser dans ses dépôts les quantités les plus abondantes des produits les plus rares : pierres et bois précieux, or, ivoire etc. … Malgré la parcimonie avec laquelle lui parvenait le bois européen, bon pour les constructions navales, le Caire disposait d’une flotte commerciale, tous les jours plus nombreuse, rapportant des contrées lointaines le matériau  nécessaire à ses manufactures, et en redistribuant à l’infini les produits de son artisanat.

L’agriculture, tributaire du Nil, fut favorisée par la fortune des princes qui surent l’employer à multiplier les canaux d’irrigation et les barrages, augmentant ainsi, dans des proportions énormes, le volume des surfaces cultivées.

Une telle prospérité économique devait également supposer des rapports suivis avec le monde extérieur et, surtout, des rapports paisibles. En effet, nombreux furent les traités commerciaux passés par le Caire avec les pays européens et asiatiques. Pays où transitaient des richesses venant de tous les horizons, l’Égypte hébergeait de nombreuses colonies étrangères qui y étaient installées à demeure pour un négoce fort fructueux. Gênois, Pisans et Vénitiens avaient ainsi d’excellentes raisons d’entretenir avec les autorités du Caire les meilleures relations, d’autant que, subsidiairement, cela leur ouvrait largement les portes de Jérusalem.

La prospérité du Caire fatimide, ainsi que son ouverture sur le monde extérieur, tout cela devait survivre jusqu'à nos jours et devait contribuer à faire de l’Égypte moderne un pays important.

Université de Tunis

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Symposium, Millénaire du Caire.