Created with HTML Assistant Pro, June 28, 1997

Le Bal des Mille et Une Nuits
Zahra Aga Khan et Mark

Paris Match, 3 juillet 1997.


La fille du 49e descendant de Mahomet a épousé à Chantilly un jeune financier anglais puis ils ont reçu 800 personnalités au Château d'Aiglemont

Dans le décor historique du château des princes de Condé, ils ont scellé leur amour sous le lumineux augure du solstice d'été. Le 21 juin, à Chantilly, Zahra, l'aînée des trois enfants du 49e imam des ismaéliens et de la princesse Salima, a épousé Mark Boyden, homme d'affaires anglais de 35 ans. La mariée, en robe brodée d'or de Christian Lacroix, est une jeune femme moderne et engagée, éprise d'un homme qui lui ressemble. Leur union bénie par les représentants des confessions musulmane et anglicane, a été suivie d'une grande fête dans la propriété de l'Aga Khan IV, près d'Aiglemont. Huit cents personnes étaient conviées à un dîner assis. Bal et feux d'artifice ont prolongé la magie de ce jour, le plus long de l'année.

Comme toujours dans la dynastie Khan, l'amour est souverain par Caroline Pigozzi

Mariage pluvieux, mariage heureux, prédit la légende. Même pendant le solstice d'été. Si Karim Aga Khan, quarante-neuvième imam descendant direct du prophète Mahomet, avait uni à Paris, vingt-huit ans plus tôt, son destin à celui de la princesse Salima, sous une pluie de roses d'Ispahan et de perles, c'est sous le crachin de l'Oise que la gracieuse princesse Zahra, aînée des trois enfants du chef spirituel de 15 millions d'Ismaéliens, a épousé, ce 21 juin, Mark Boyden, le séduisant homme d'affaires anglais rencontré deux ans plus tôt à Courchevel. Par un caprice de l'amour, un quart de siècle plus tôt, les chemins de ses parents s'étaient déjà croisés sur les pistes enneigées de Saint-Moritz. La dynamique jeune femme, consciente que cette journée serait aussi émouvante que mouvementée, avait, ce matin-là, fait sonner son réveil à 6 heures. La fille de l'Aga Khan allait faire bénir son union par des représentants des confessions musulmane et anglicane puis se marier civilement et accueillir pour un déjeuner informel les membres de deux familles ainsi que quelques invités royaux. Au coucher du soleil, elle recevrait dans le cadre grandiose du château d'Aiglemont 800 prestigieux amis, parmi lesquels le roi et la reine d'Espagne, le prince Alexandre de Yougoslavie et la princesse Barbara, l'impératrice Farah Pahlavi, l'infante Elena d'Espagne et son époux, Paul et Marie-Chantal de Grèce, le prince héritier Hassan ibn Talal de Jordanie, le prince et la princesse Toussoun, le cheikh Yamani et autres hauts dignitaires musulmans, de nombreux ambassadeurs et naturellement des personnalités françaises, tels Mme Georges Pompidou, la comtesse Anne d'Ornano, Jean-Luc Lagardère et son épouse, Bethy, M. et Mme André Bettencourt...

A 8h 30, Zahra, impériale dans une robe brodée d'or dessinée par Christian Lacroix, coiffée par Jean-Michel, de chez Carita Montaigne, gravit au bras de son père le majestueux escalier de pierre du château de Chantilly. L'Aga Khan avait souhaité que cette cérémonie très privée se déroule dans un site à la fois laïc, chargé d'histoire et empreint de solennité. Nul autre lieu n'eût en fait été plus propice à cette double bénédiction que l'ancien château des princes de Condé, jadis propriété du duc de Guise, père du comte de Paris.

A 11h 30, c'est sur les terres de l'Aga Khan que le maire de Gouvieux unit civilement Zahra, 26 ans, et Mark, 35 ans, sous le regard de la bégum, 91 ans, veuve de l'Aga Khan III, qui avait, pour cet événement exceptionnel, quitté Yakimour, sa célèbre villa du Cannet. Le déjeuner permit à ces privilégiés de faire enfin la connaissance de ce représentant de la bourgeoisie terrienne du Dorset jusqu'alors demeuré très discret et subitement propulsé au premier plan de l'actualité. Comme son illustre arrière-grand-père ayant, entre autres, épousé une danseuse italienne puis Miss France devenue sa quatrième épouse, son grand-père qui avait succombé au charme de Rita Hayworth, et son père à celui d'un célèbre mannequin anglais, Sally Croker-Poole, la jeune mariée n'a pas dérogé aux imprévisibles lois du coeur. Chez les Khan, on fait généralement des mariages d'amour, hors des sentiers dictés par le snobisme ou les conventions aristocratiques et financières. Ni prince de sang ni héritier milliardaire ni membre de la jet-set, Mark Boyden, fils d'un exploitant agricole, à l'instar d'un autre Mark (Phillips, premier mari de la princesse Anne), n'est par pour autant décidé à jouer les princes consorts et continuera à exercer son métier de conseiller financier. Après de classiques études secondaires, le mari de la princesse Zahra a obtenu un doctorat en sciences économiques à Oxford et s'est, comme elle, impliqué dans les problèmes du tiers-monde et la défense des droits de l'homme. Un point commun supplémentaire avec la princesse, qui, brillamment diplômée en sciences sociales de Harvard, n'entend pas abandonner son action au sein de l'imamat en faveur des femmes musulmanes, ni surtout se priver de la complicité qui la lie à son père dont elle est l'indispensable collaboratrice. Les jeunes gens se partageront donc entre Aiglemont et le fief des Boyden, en Angleterre.

Dans l'après-midi, après s'être assurée que chaque table serait, le soir, protocolairement présidée par une personnalité, la princesse Zahra s'est accordé une brève pause afin de se parer pour son bal des Mille et Une Nuits. Au dîner placé, servi sous une immense tente évoquant la palette des impressionnistes et s'ouvrant sur le jardin paysagé "à la Monet", l'un des peintres favoris de Karim Aga Khan, Zahra Boyden est apparue royale, radieuse, dans une robe de mousseline fuchsia. Elle a salué respectueusement ses invités transportés par l'atmosphère tout à la fois chaleureuse net amicale de ce cadre enchanteur et le raffinement des mets occidentaux et orientaux, dont le buffet marocain offert par le roi Hassan II, servis jusqu'au petit matin.

Vers minuit, après qu'un feu d'artifice grandiose a embrasé la nuit et suscité des exclamations d'un parterre d'altesses royales habituellement peu impressionnables, le jeune couple ouvre majestueusement le bal. Un peu à l'écart, dans la foule élégante et un brin euphorique, une invitée, réservée mais tendrement attentive, ne quitte pas du regard la plus belle des mariées. C'est Frances Reed, la fidèle nanny de Zahra, venue spécialement d'Angleterre pour le mariage de sa princesse de conte de fées.


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